3/11/2023

L'Industrie navale et le CO2 : Acteur ou spectateur ?

L'industrie navale ou la construction navale est le processus de fabrication d'un bateau ou d'un navire. On comprend toutes les phases de conception, de production, d'assemblage et de maintenance.

Aujourd'hui, cette industrie se voit contrainte par de nouveaux enjeux. Les émissions de CO2 et la pollution du secteur questionnent.

Alors précisément, comment l'industrie navale se prépare pour transformer ses pratiques et améliorer son impact carbone ? Nous verrons les solutions qui existent : carburants alternatifs, énergies renouvelables, éco-conception... ⤵️

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La construction navale et ses activités

L’économie bleue : de quoi parle-t-on ?

L’industrie navale, aussi appelée économie bleue, est un pan de l’économie qui regroupe différentes activités telles que :

  • la construction et la déconstruction navale;
  • la réparation navale;
  • les énergies maritimes renouvelables;
  • la sécurité maritime.

L’économie bleue inclut la fabrication de paquebots ou des navires de défense.

Types de navires fabriqués : navires marchands, militaires, de plaisance...

Nous l’avons vu, l’industrie marine englobe plusieurs activités.

Il est d’usage de distinguer 5 types de navires conçus sur un chantier naval :

  • Les navires de défense (sous-marins, frégates, portes-hélicoptères, portes-avions) qui sont ensuite utilisés par les marines nationales;
  • Les petits navires militaires comme les patrouilleurs ou les vedettes qui servent aussi bien aux marines qu’aux gardes-côtes;
  • Les navires qui transportent des passagers : paquebots, ferry dont les armateurs sont les clients;
  • Les navires civils de marchandises spéciales comme les pétroliers ou les vraquiers;
  • Les bateaux de pêche traditionnels.


Constructeur naval : quels services permettent-ils de rendre ?

L’industrie navale participe au déploiement de nombreuses autres industries et services indispensables.

Tout d’abord : le transport maritime commercial est l’une des activités économiques les plus importantes. En effet, le transport international de marchandises, de matières premières, de véhicules ou de fluides est un débouché important pour le commerce de navire de transport.

Le second pan de cette économie est le transport en commun avec entre-autres les navettes fluviales ou les bateaux-bus.

Les navires sont le mode de transport les plus importants pour la circulation de marchandises au niveau mondial.

L’industrie navale approvisionne également les marines militaires partout dans le monde avec la fabrication de navires de guerre, de sous-marins ou encore de porte-avions.

De plus, l’industrie du tourisme est une autre catégorie d’activité économique qui bénéficie des services et de la production de l’industrie navale. Cela peut se faire via l’organisation de croisières de loisirs ou avec le tourisme côtier qui propose des excursions au bord des côtes ou sur les rivières.

Enfin, l’industrie navale propose d’autres services complémentaires à la fabrication de bateaux et navires. À savoir : la réparation, la maintenance ou l’entretien des véhicules.


Émissions de CO2 dans l'Industrie navale

Chiffre de l'industrie navale française & émissions de CO2

La question de l’empreinte carbone de l’industrie navale est une question délicate car tous les regards sont portés sur les émissions de carbone du secteur du transport maritime.

Au début des années 2020, au cours de la COP-27, les gouvernements américain et norvégien ont de consorts rappelés “si le transport maritime était un pays, il se classerait parmi les dix plus grands émetteurs mondiaux”.

En effet, la flotte mondiale englobe plus de 100 000 bateaux dont la moitié est constituée de navires marchands très consommateurs d’énergie (pour leur fabrication et au moment de leur navigation en utilisant le pétrole “bunker” - l’un des carburants les plus pollueurs).

Les porte-conteneurs, vraquiers ou navires pétroliers sont à eux seuls responsables de trois quarts des émissions liées au transport maritime international.

Lors de la combustion du bunker, le pétrole utilisé pour la navigation des navires marchands, il y a alors émission de CO2, de méthane (CH4), de protoxyde d’azote (N2O) qui sont des gaz responsables du réchauffement climatique.

Ainsi, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le transport maritime émet entre 600 et 1 100 millions de tonnes de CO2 tous les ans (soit 3% des émissions totales).

L’Organisation Maritime Internationale annonce quant à elle que le secteur maritime est responsable de 2 à 3% des émissions de CO2.

Nécessairement, il convient donc dès à présent d’imaginer le secteur de l’industrie navale à l’aune de ces chiffres. Il faut repenser le cycle de vie des navires, de leur construction jusqu’à leur démantèlement. Il est nécessaire de transformer la façon dont ils fonctionnent pour que leurs rejets gazeux (particules fines, gaz à effet de serre) ou liquides (eaux grises) soient réduits.

Filière industrie navale & transport et impact carbone : quels facteurs aggravent la situation ?

Certains facteurs peuvent contribuer à augmenter l’impact carbone du secteur de l’industrie navale et du transport maritime.

D’abord, l’utilisation systématique de fioul lourd ou de diesel marin est un facteur aggravant l’impact carbone du secteur. On sait aujourd’hui que le passage à des carburants plus propres comme le gaz naturel liquéfié (GNL) ou l’hydrogène ont un impact moindre.

De plus, la taille des navires est un point important à soulever. Les gros navires comme les porte-conteneurs ou les super-pétroliers émettent plus de carburant et in fine, de CO2. Les innovations technologiques du secteur se doivent d’étudier la conception de navires avec un meilleur rendement en termes de consommation énergétique.

Enfin, les pratiques opérationnelles sont une autre explication qui peut faire varier la consommation des navires. Par exemple, la navigation rapide est davantage consommatrice de carburant. D’un autre côté, la mise en place de trajets optimaux ou de procédures d’arrêt moteur à quai sont d'autres pratiques qui peuvent avoir un impact significatif sur les émissions de CO2.

Initiatives pour réduire les émissions de CO2 de l'industrie navale mondiale

Technologies vertes

L’économie bleue dispose de multiples solutions pour réduire ses émissions de CO2.

La première est la conversion des navires les plus petits à la propulsion électrique. Concrètement, il est possible de les équiper de batteries ou de systèmes hybrides pour réduire les émissions de CO2 de ces navires.

De même, l’utilisation d’énergies renouvelables est une autre possibilité. Par exemple, l’énergie solaire avec l’installation de panneaux solaires permet d’alimenter les systèmes à bord. Ou bien il est possible d’utiliser l’énergie éolienne avec des voiles et des ailes de traction pour avoir une énergie complémentaire au pétrole.

Lorsque l’énergie renouvelable n’est pas intégrable sur un navire, on peut miser sur des carburants à faible émission de carbone comme le gaz naturel liquéfié ou le GNL.

Les technologies vertes passent aussi par la mise en place de systèmes de récupération de chaleur sur les navires. Ainsi, ces systèmes récupèrent la chaleur résiduelle des moteurs et des systèmes de climatisation pour que cette chaleur soit utilisée ensuite à bord pour alléger l’impact énergétique final du bateau.

Enfin, dans le domaine de l’éco-conception de navires, de nombreuses opportunités existent : des navires plus petits qui consomment moins, l’optimisation des matériaux, l’amélioration des systèmes de propulsion ou repenser les équipements à l’intérieur des navires.



Réglementations qui concernent l'industrie navale maritime

La réglementation actuelle incite et oblige les professionnels du secteur de l’industrie navale à transformer leurs pratiques. L'essor de l'industrie doit se faire aujourd'hui en prenant en compte les nouveaux enjeux environnementaux.

En France, l’Accord de Paris signé en 2015 précise les objectifs à tenir en termes de réduction des émissions de GES pour tous les secteurs d’activités. Cet accord s’intéresse notamment à la diminution du secteur du transport dont l’industrie navale dépend évidemment.

L’OMI (Organisation maritime internationale), elle, a adopté différentes règles et amendements pour la réduction des émissions de CO2. On peut citer le mandat EEDI (Index de conception de l’efficacité énergétique) et l’indice EEOI (Indice opérationnel d’efficacité énergétique) qui exigent sur les navires aient une approche technique et opérationnelle en faveur de la réduction de leur impact carbone.


Initiatives du secteur privé pour améliorer l'impact de la construction navale (actions RSE, Gican...)

Dans le secteur privé, les innovations et les initiatives existent pour contribuer à décarboner le secteur de l’industrie navale.

D’abord, toutes les entreprises françaises intègrent un programme de RSE qui balise les actions à prendre pour améliorer l’impact carbone de leur production et de leurs activités. Certaines entreprises du secteur ont alors des réflexes comme la fabrication de navires qui utilisent des carburants plus propres ou la conception de flottes plus écoénergétiques.

Le Gican (groupement des industries de construction et activités navales) est notamment impliqué dans le financement de l'innovation maritime à travers le CORIMER (Conseil d'orientation de la recherche des industriels de la mer) qui permet notamment de soutenir la filière dans sa transformation par des aides et des programmes de R&D.

On peut donner quelques exemples français qui témoignent des initiatives du secteur privé :

  • Depuis le début des années 2020, les entreprises Néoline, Neopolia et Piriou travaillent à la conception d’un cargo voilier;
  • Les Chantiers de l’Atlantique, entreprise naval, ont développé le MSC World Europa, mis en service en 2022, le plus gros navire de croisière fonctionnant au GNL;
  • Depuis 2021, la compagnie CMA-CGM et Syrocco travaillent à la modélisation de la pertinence de l’installation de solutions de propulsion à voiles sur les navires pour valider ou non l’efficacité des solutions véliques.

Défis et obstacles pour l'économie bleue

Pour se transformer durablement, l’industrie navale doit enfin relever plusieurs défis. Le premier est celui du coût des nouvelles technologies à intégrer dans la conception des navires. Les alternatives technologiques plus vertueuses d’un point de vue environnemental sont parfois plus chères car moins développées (carburants alternatifs, propulsion électrique, etc). Il faudra donc anticiper et prévoir les coûts induits à court terme qui auront un impact sur la rentabilité et le chiffre d'affaires des entreprises.

De plus, le défi majeur reste également celui de la transformation des processus dans les entreprises. L’inertie peut perturber les changements structurels nécessaires pour transitionner vers une industrie navale plus verte. Il faut pouvoir supporter les changements en recrutant ou en formant des personnes aux nouvelles technologies. Il faut également être en mesure de planifier les mises à jour nécessaires sur les chaînes de production.


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Industrie navale : le guide

Quel est le pays leader dans le domaine des constructions navales ?

Le marché mondial de la construction navale a longtemps été dominé par l'Europe occidental. Puis, par le Japon jusqu'à la fin du XX ème siècle. Désormais, la Chine est le premier constructeur mondial, suivi par la Corée du sud.

Quel est le plus gros chantier naval de France ?

Les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire abritent l'un des plus gros chantiers naval du monde. C'est l'un des plus importants d'Europe et le plus gros de France. On y a construit des paquebots comme le Queen Mary II ou plus récemment le Harmony of the seas (le plus grand paquebot du monde).

Pourquoi décarboner l'industrie maritime ?

Le CO2, le méthane et d'autres gaz à effets de serre sont à l'origine du réchauffement climatique actuel. Il est donc nécessaire d'effectuer la décarbonation de toutes les industries, notamment l'industrie navale. L'une des pistes est la réduction de nos habitudes de consommation en terme de trafic maritime (moins de voyages ou mieux optimisés).

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