5/4/2024

Compensation carbone : Stratégies industrielles

Les défis environnementaux sont partout autour de nous. Et face à ces enjeux, les entreprises sont sous la pression pour atteindre la neutralité carbone afin de contribuer à la lutte contre le changement climatique.

Dans cette quête, la compensation carbone s'apparente à être une stratégie incontournable. Mais précisément, de quoi parle-t-on ? Comment cela fonctionne-t-il ?

Cet article explore les diverses approches que les entreprises adoptent pour compenser leurs émissions de CO2. Nous verrons les différentes stratégies de compensation carbone existantes et les opportunités à l'avenir. Explications. ⤵️

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Principes de la compensation carbone entreprise

Définition et objectifs

La compensation carbone regroupe l’ensemble des actions amorcées par une entreprise pour neutraliser ses émissions de gaz à effet de serre (GES). L’exemple le plus parlant est celui du financement de projets vertueux comme le soutien aux puits de carbone existants (projets de reforestation).

Grâce au financement de projets de séquestration du CO2, les entreprises “annulent” les émissions que leur propre activité a générées. Ainsi, elles réduisent leur bilan carbone net et peuvent atteindre la neutralité carbone.

Ce type de dispositif encourage la transition vers une économie bas carbone. Les entreprises comme les individus sont invités à réduire leurs émissions de carbone en investissant dans des projets à faible impact.

Traditionnellement, on distingue :

  • la compensation réglementaire : elle s’effectue sur un marché destiné aux entreprises dont les émissions sont plafonnées. C’est une obligation depuis que des lois, notamment le protocole de Kyoto, ont mis en place ce procédé ;
  • la compensation volontaire : elle concerne tous les acteurs et permet de financer des projets de réduction d’émissions ou de séquestration de GES.

Le concept de compensation carbone est soumis à des critiques. Certains détracteurs reprochent à cette notion de laisser penser qu’il est impossible d’atteindre une neutralité parfaite des émissions. Les entreprises, même si elles compensent leurs activités, contribuent à faire augmenter les émissions de GES. Ainsi, on parle aussi parfois de contribution à la neutralité carbone plutôt que de neutralité carbone effective.

Compenser son empreinte en tant qu'entreprise : le cadre légal

La notion de compensation carbone est apparue dans les années 80 sous la forme d’accords entre des structures qui étaient volontaires.

Une autre date clé pour la compensation carbone est celle du Protocole de Kyoto de 1997. Ce premier accord international, imaginé pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des pays de 5% entre la période 1990 à 2012 a permis de légiférer sur ces questions de compensation. Ainsi, chaque pays signataire de l’accord a pu mettre en place un plan national de réduction des émissions de CO2.

C’est à cette période que les marchés du carbone sont créés pour des échanges entre les pays. On les appelle les marchés de compensation carbone réglementaire. Ainsi, les pays industrialisés et leurs entreprises les plus polluantes ont pu investir dans des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre sur différents territoires.

En France, la réglementation sur le sujet impose aux entreprises de plus de 500 salariés, les établissements publics de plus de 250 personnes ou les collectivités territoriales de plus de 50 000 habitants de réaliser un bilan carbone tous les trois ou quatre ans. Ce bilan carbone peut alors mettre en lumière le besoin de compenser une partie des émissions qui n’ont pas pu être réduites au cours de la période.

Légalement, en France, seules les industries et grandes entreprises européennes sont dans l’obligation de compenser leurs émissions. Il s’agit des entreprises référentes dans les activités suivantes : production d’électricité, sidérurgie, raffinerie de pétrole, cimenterie, chimie.

Le marché du carbone fonctionne à l’aide de quotas carbone. Les industries concernées ont un quota carbone à ne pas dépasser. En cas de dépassement, il faut aller sur le marché du carbone pour acheter des quotas et compenser la pollution liée à leur activité.

Mécanismes de compensation : volontaire et réglementaire

Les entreprises, qu’elles soient ou non soumises à une obligation de compensation carbone, peuvent avoir recours à la compensation volontaire.

C’est une façon de financer des projets de séquestration carbone pour annuler leurs émissions de CO2.

L’ADEME, l’Agence de la Transition Écologique, distingue plusieurs catégories de projet qu’il est possible de financer en tant qu’entreprise :

  • La participation à la valorisation, la réhabilitation ou la mise en place de puits de carbone. L’exemple le plus parlant est celui de la plantation d’arbres ;
  • La contribution dans des projets visant à développer des énergies renouvelables (énergie solaire, éolienne, hydraulique, etc.) ;
  • La participation à des projets pour améliorer la consommation d’énergie (projets technologiques innovants, projets de stockage du carbone ou d’efficacité énergétique…)

Par ailleurs, en finançant ce type de projet, une entreprise peut obtenir des crédits carbone, aussi nommés crédits d’émission. Ces crédits sont des certificats qui attestent d’une réduction avérée de tonne métrique d’émissions de CO2 grâce au financement d’un projet. Un crédit carbone est une unité qui équivaut à une tonne de CO2 évitée ou absorbée.

Pour s’assurer que les projets sont valides, des organismes ont mis en place des labels. Les plus célèbres sont les labels Gold Standard ou Verified Carbon Standard. Ils permettent aux entreprises de s’assurer que les crédits carbones utilisés servent effectivement à la compensation carbone pour des projets de qualité. Les labels s’intéressent aussi aux retombées économiques de projets financés

Stratégies de compensation carbone pour l'industrie

Réduction des émissions à la source

Lorsqu’une entreprise souhaite avoir recours à la compensation carbone, elle peut d’abord commencer par réduire ses propres émissions à la source. Elle aura ainsi moins de quotas carbone à acheter ou échanger.

Ainsi, la réduction des émissions de CO2 est un enjeu majeur. C’est le moyen le plus simple pour lutter contre le changement climatique. Car si toutes les entreprises et structures jouent le jeu en réduisant leur impact, il y aura moins de CO2 émis dans l’atmosphère.

De quelle(s) façon(s) une entreprise peut-elle réduire ses émissions ? Il y a de nombreuses solutions, voici quelques exemples :

  • L’entreprise peut d’abord améliorer l’efficacité énergétique de ses équipements et bâtiments. Cela signifie qu’elle peut remplacer son système de chauffage par un système moderne ou par la cogénération. Elle peut installer des équipements plus économes ou plus efficients ;
  • Au lieu d’utiliser des ressources fossiles, les énergies renouvelables permettent de générer moins de CO2. On peut opter pour l’énergie solaire, éolien ou encore hydraulique ;
  • La transformation du parc automobile de l’entreprise est une autre solution concrète pour alléger le bilan carbone de l’entreprise. En optant pour des véhicules électriques, à hydrogène ou au biogaz, on peut avoir un impact direct sur les émissions liées au transport dans l’entreprise ;
  • En choisissant l’optimisation des processus industriels, on réduit le gaspillage et les pertes de production. On cherche aussi à produire mieux et plus, sans pour autant consommer plus ;
  • Mieux gérer les déchets et favoriser les circuits courts est une autre solution pour réduire l’impact carbone d’un lieu de production.

In fine, avec toutes ces actions, l’effet peut être direct sur le bilan carbone de l’entreprise. Moins de CO2 est libéré dans l’atmosphère, il y aura donc une moins grande dépendance aux mécanismes de compensation des émissions.

Compensation carbone exemple : l'investissement dans les énergies renouvelables

Il y a un point sur lequel les entreprises doivent réfléchir pour améliorer leur impact carbone et assurer leur transition énergétique. Il s’agit de l’investissement dans les énergies renouvelables.

Nous l’avons vu, c’est une mesure concrète pour réduire les émissions de CO2. Elles ont donc le choix de le faire directement dans leurs locaux, en modifiant leur source d’énergie primaire et en transformant leurs processus industriels. Mais elles peuvent aussi investir dans les énergies renouvelables à travers la compensation carbone.

En effet, l’investissement dans les énergies renouvelables fait partie des dispositifs encouragés par le système de compensation carbone. Les entreprises peuvent financer des projets liés à la préservation des puits de carbone, ou encore soutenir la croissance des énergies renouvelables.

Concrètement, les énergies renouvelables, telles que l’énergie solaire, éolienne, hydraulique, géothermique et de la biomasse ont l’avantage d’être des ressources inépuisables. Elles ne produisent pas de gaz à effet de serre lors de leur production. En investissant dans ces énergies, on favorise l’indépendance énergétique du pays avec une énergie produite localement et donc plus vertueuse.

De plus, investir massivement dans ces solutions vertes est bénéfique pour stimuler ce secteur d’activité. Le déclin des investissements dans les énergies fossiles est compensé par ces nouveaux investissements qui créent un secteur d’activité dynamique, prêt à recruter. Le secteur des énergies renouvelables est en plein boom : il est positif car il stimule l’économie verte et favorise une croissance économique durable.

Enfin, les énergies renouvelables sont plus soutenables pour le bien vivre ensemble. Elles ne produisent pas de pollution atmosphérique, de produits chimiques ou de déchets dangereux. In fine, en optant pour ces solutions, la qualité de l’air, de l’eau et des sols est préservée.

Participation à des projets de compensation externes

Après avoir réduit ses émissions de CO2 et investi dans des projets de développement de l’énergie renouvelable, une entreprise peut aussi participer à divers projets de compensation carbone externes.

Il s’agit d’une autre technique efficace pour compenser les émissions de carbone et atténuer les effets du changement climatique. Pour ce faire, il existe plusieurs types de projets à suivre et valoriser :

  • Projets de reforestation et restauration des écosystèmes : cela consiste au financement et au soutien de projets de plantation d’arbres dans des régions où la forêt est dégradée ou déboisée. Ces projets permettent d’augmenter la surface des puits de carbone qui sont nécessaires pour absorber les émissions de CO2 liées aux activités humaines. En participant à ces projets, les entreprises obtiennent des crédits de compensation carbone pour chaque tonne de CO2 séquestrée par les arbres ;
  • Il est aussi possible de participer à un projet de captage et de stockage du méthane dans les décharges. En capturant le méthane pour le valoriser en tant qu’énergie, on évite que ses émissions soient libérées dans l’atmosphère. Là aussi, des crédits carbone sont générés pour ce type d’opération ;
  • Les entreprises peuvent également financer des projets d’innovations technologiques qui visent à réduire les émissions de CO2 comme les recherches liées aux solutions de capture et de stockage du carbone.

Compensation carbone en 2024 : les défis et opportunités

Défis de la compensation carbone

La compensation carbone est une stratégie essentielle efficace pour lutter contre le changement climatique. Mais tout n’est pas aussi simple : la compensation carbone implique des enjeux et se frotte à différents enjeux.

Le premier est tout d’abord celui de la complexité de calcul de l’empreinte carbone d’une entreprise. Bien que les techniques de calcul se perfectionnent de plus en plus, il a pu être compliqué au départ de les réaliser. Et qui dit calcul erroné, dit difficulté à mesurer combien de crédits carbone sont nécessaires pour la compensation d’une activité. C’est pourquoi il est important que les méthodes de calcul soient complètement transparentes en s’appuyant sur des outils normalisés.

L’autre difficulté majeure à laquelle les entreprises se sont confrontées est la difficulté à choisir un projet à soutenir en compensation carbone. L’impact environnemental et social de tous les projets n’est pas équivalent. Il faut alors choisir des projets labellisés par des tiers pour garantir leur intégrité.

On peut aussi déplorer le recours systématique à la compensation carbone de la part de grosses entreprises polluantes. On s’interroge alors : certaines entreprises peuvent utiliser la compensation carbone comme substitut à la réduction de leurs émissions. Pourtant, cette solution doit bien être choisie en deuxième recours, après avoir effectué le maximum pour réduire ses émissions de CO2.

Enfin, il faut veiller au phénomène de “fuite carbone” des entreprises. Cela se produit lorsque les émissions de CO2, plutôt que d’être réduites, sont finalement déplacées dans un autre pays. Par exemple, pour réduire son impact carbone, une entreprise décide de délocaliser sa production dans un pays avec des réglementations moins strictes. Or, cela ne fait que déplacer le problème et ne favorise pas durablement la diminution des émissions.

Innovations et évolutions pour compenser son bilan carbone en tant qu'industrie

Différentes évolutions technologiques risquent d’avoir un impact concret sur les stratégies de compensation carbone. On peut par exemple citer la technologie de la Blockchain. Elle va permettre de renforcer la traçabilité des crédits carbone. L’enjeu est majeur : cela promet de réduire les risques de fraude au quota carbone.

De plus, l’intelligence artificielle couplée à l’internet des objets peuvent permettre une plus grande précision dans le suivi des émissions de carbone. En effet, l’Internet des objets permet de collecter les données en temps réel sur les émissions de carbone dans l’agriculture, les transports ou encore l’industrie. Puis, on peut coupler ces résultats avec l’IA qui va pouvoir identifier les projets de compensation carbone les plus efficaces localement.

Évidemment, le progrès scientifique va aussi aboutir sur de nouveaux projets de compensation carbone dans les prochaines décennies. Les entreprises pourront alors investir dans des projets de séquestration du carbone dans le sol ou encore pour la capture directe du carbone dans l’atmosphère.

Enfin, un autre point majeur va avoir un impact sur la compensation carbone dans les prochaines années. Il s’agit de la réglementation et de la législation. À ce jour, les gouvernements se tournent de plus en plus vers des réglementations plus strictes en matière de changement climatique. Cela pourrait avoir un impact sur les projets de compensation carbone. On pourrait exiger plus de transparence sur les résultats de ces projets et permettre le développement de labels plus exigeants.

Le marché du carbone, à mesure que les pays adoptent de nouvelles réglementations sur l'environnement, pourrait s’étendre à de nouvelles régions du monde et à de nouveaux marchés. On peut par exemple imaginer que les secteurs du transport et de l’aviation soient plus limités. Les compagnies aériennes et de transport devraient donc plus investir dans des projets à impact par rapport à la législation d'aujourd'hui.

Vers une industrie plus verte

Nous l’avons vu tout au long de cet article : la compensation carbone est une solution qui existe pour les entreprises. Cette solution n’est pas parfaite, mais c’est un pas pour atténuer les effets du changement climatique.

Il est essentiel que cette solution s’accompagne d’une profonde transformation de l’industrie. Il faut amorcer une transition vers une industrie plus verte afin de s’aligner avec les objectifs climatiques mondiaux. L’Accord de Paris sur le climat de 2015 visait à limiter le réchauffement climatique en dessous de 2 degrés Celsius. Cela ne pourra pas se faire si les industries les plus polluantes n’effectuent pas leur transition écologique.

Cela peut se faire via plusieurs solutions : le changement de pratiques industrielles ou encore le financement d’innovations plus propres.

De véritables transformations sont attendues en interne dans toutes les entreprises. La compensation carbone finance ces transformations à travers le financement de projets verts. C’est donc un cercle vertueux qui permet aux entreprises de renforcer leur compétitivité tout en s’alignant avec les objectifs environnementaux.

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À retenir sur la compensation carbone

Comment compenser l'impact carbone ?

Pour compenser l'impact carbone, il est possible de contribuer à différents projets comme des projets de reforestation, de construction de dispositifs d'énergie renouvelable ou encore des projets de développement de technologies vertes pour moins consommer. La première étape pour une entreprise qui souhaite compenser son impact carbone est de connaître son empreinte carbone en réalisant son bilan carbone.

Qu'est-ce que la contribution carbone ?

La contribution carbone est une taxe sur les émissions de gaz à effet de serre imaginée pour réduire les émissions de carbone des entreprises ou des individus. Ainsi, cette contribution invite les entreprises ou les individus à limiter leur empreinte carbone. Différents mécanismes existent pour participer à la contribution carbone : taxe directe sur le carbone ou encore quota d'émissions.

Quel est le prix d'un crédit carbone ?

Le prix d'un crédit carbone n'est pas fixe : il varie en fonction du marché et de la tarification en cours. Ce prix dépend également des politiques gouvernementales et les réglementations environnementales en vigueur. Pour une tonne, le carbone peut donc coûter entre quelques dollars et quelques dizaines de dollars.

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